Sur un promontoire rocheux dominant le lit de l'Ardèche, à la confluence de la Montagne ardéchoise et du Plateau cévenol, face au château de Ventadour se dresse l'église romane de Nieigles. Celle-ci n'était sans doute, à l'origine, qu'un modeste prieuré fondé en 993 par Guy d'Anjou, évêque du Puy.
L'église primitive du XIIème siècle, sous le signe de la Nativité, sera agrandie au XIIIème siècle lorsque Bernard de Ventadour lui offrit une Vierge Noire qui en fit un lieu de pèlerinage. Prolongée de deux travées et raccordée à une tour-beffroi, elle prendra alors la forme d'une croix latine avec un portail roman latéral.
Malgré les injures du temps dont elle eut à souffrir elle conserve néanmoins intérieurement sa belle unité architecturale à l'exception de l'abside transformée en chevet plat au XIVe siècle. Les chapelles latérales seront pourvues aux XIVe et XVe siècles d'arêtes d'ogives. Son remaniement au XVIIe siècle s'est surtout traduit par l'adjonction d'une tribune pour les Pénitents et par l'aménagement de la tour-beffroi en clocher.
Au XIXe siècle les différents toits de lauzes furent remplacés par une toiture unique en tuiles qui la fait maintenant ressembler, dans son écrin de verdure, aux églises romanes d'Ombrie ou de Toscane.
Abandonnée au XXe siècle au profit de la nouvelle église paroissiale de Pont-de-Labeaume, alors qu'elle menaçait ruines, elle fut remarquablement restaurée après son inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques en 1975.
Source "Notre-Dame de Nieigles, église romane et lieu de pèlerinage. Editions Dolmazon - 2008 -"
INFOS PRATIQUES :
L'église est ouverte tous les jours.
NIEIGLES sur ARDECHE
Le village de Nieigles, avec ses maisons serrées autour de son église romane et de son clocher trapu, paraît trouver naturellement sa place au sommet de la courbe harmonieuse et régulière de la colline qui le porte.
Jusqu'au début du 20e siècle, la commune de Nieigles couvrait toute la superficie des deux communes actuelles de Pont de Labeaume et Lalevade. C'est la loi du 15 décembre 1903 qui a coupé officiellement en deux le territoire de Nieigles. La nouvelle église de Pont de Labeaume devint alors église paroissiale.
Mais le hameau et l'église de Nieigles ont gardé tout leur charme issu d'une terre de légende et d'histoire plus que millénaire.
L'origine du nom de NIEIGLES remonte aux Romains qui l'avaient appelé Nidus Aquilinus (Nid d'Aigle). Là, passait l'ancienne voie romaine qui allait d' Alba Augusta au Puy en remontant la vallée de l'Ardèche.
L'église de Nieigles fut construite sur la route mariale la plus importante du vivarais, qui conduisait les pèlerins des rives du Rhône au Puy, en l'église de Notre Dame d'Anis.
L'emplacement de l'église était probablement celui d'un ancien temple païen, honorant une de ces déesses de la vie, Isis ou Maïa.
Lorsque le Christianisme rayonna dans ces contrées l'église fit ici ce qu'elle faisait partout : au lieu de supprimer les centres religieux d'attirance populaire, elle convertissait, en substituant à l'idole païenne un saint aux attributions analogues, à Isis OU Maïa, déesses de la vie, succéda ici la Vierge Mère.
La fondation de Nieiglès remonterait à Guy d'Anjou Evéque du Puy (975 - 996) qui aurait fait don à Notre Dame du Puy, en 993, d'une terre située à Nieigles.
L'église actuelle peut-être datée dans ses parties les plus anciennes, abside et collatéral droit au XIème siècle. Elle a subi divers remaniement aux XIVème et XVème siècles, et plus récemment (1969) lorsque après l'incendie on a posé, trop tardivement, hélas ! un nouveau toit sur la nef et le clocher-beffroy.
Fondation de l'église
La fondation du Prieuré de Nieigles remonterait à Guy d'Anjou, évêque du Puy (975-996), qui, en 993, aurait fait don à Notre Dame du Puy d'une vigne située dans la ville de «nidus aquilinus», devenue plus tard Nieigles ou Niaigles.
L'église actuelle a subi au cours des siècles plusieurs transformations importantes. La partie la plus ancienne date du début du XIe siècle : l'abside et le collatéral droit jusqu'au transept. Les voûtes du bras droit et du collatéral droit ont été remaniées au XIVe siècle par l'adjonction de croisées d'ogives. L'église comportait au XVIe siècle les chapelles de Sainte Anne, Saint Antoine, des Cinq Plaies de Notre Seigneur, et de Saint Blaise dont il est difficile de relever la place exacte.
La sacristie fut aménagée en 1697. Le clocher beffroi, de forme romane, n'a été édifié en fait qu'au 17e siècle.
La Vierge Noire
La Vierge Noire dont la statue se trouve actuellement à Pont de Labeaume, est célèbre par son culte très ancien.
Elle est réalisée dans un bloc de pin, d'une seule pièce, sauf le socle. Elle mesure 65 cm de hauteur.
Le visage est noir, surmonté d'une couronne dorée de type ducal, sculptée dans la masse.
La vierge porte sur ses épaules tombantes un manteau doré qui l'enveloppe entièrement. L'enfant jésus apparaît enveloppé dans le manteau. Son visage est noir et ceint d'une couronne dorée.
On se rendait à NIEIGLES pour toucher la Sainte Ceinture. Ce pèlerinage était trés fréquenté, surtout par les femmes enceintes. On leur mettait la Sainte Ceinture autour des reins en disant une prière, puis on bénissait une ceinture que l'on faisait toucher à la ceinture vénérée et que les femmes portaient durant toute leur grossesse.
On guérissait aussi les goitres en mettant autour du cou un petit ruban bénit ayant touché la Sainte Ceinture.
Les hommes se faisaient ceindre pour les maux de reins.
La statue actuelle de la Vierge Noire haute de 65 cm, date probablement de la fin du XVIe siècle, voir des XVII-XVIIIe siècles. Elle est classée monument historique.
Il parait difficile de ne pas admettre qu'elle n'ait pas été précédée par une statuette plus ancienne. La légende a toujours prétendu que Bernard de VENTADOUR, évêque du PUY de 1251 à 1254, aurait offert une Vierge Noire à son fief de Nieigles. La tradition attribua pendant longtemps au même évêque l'honneur d'avoir reçu du roi Louis IX au retour de la 7e croisade et de sa captivité d'Egypte, le 9 août 1254, le don de la célèbre Vierge Noire du PUY.
Sur le socle plus récent du XVIIIe siècle de la statue, un aigle, peut-être celui de Nieigles, déploie ses ailes.
Les vitraux
La réalisation et l'installation des vitraux est récente (2001-2002). Elle est dûe à Florent CHABOISSIER, artiste peintre verrier, qui précise ainsi sa démarche : «Après plusieurs visites de l'église de Nieigles, la connaissance tant architecturale qu'historique de cet édifice, ainsi que sa situation géographique sur les routes de Compostelle ou du Puy ont orienté mon travail de création des vitraux.
La particularité intimiste des verrières, du fait des dimensions et des lumières projetées, dans cette architecture romane simple, haut placée, m'a amené à envisager et proposer une création témoignant de l'origine sacrée du lieu.
Le recueillement et le bien-être dont témoignent les différents passants et voyageurs devaient être mis en lumière.
Ce travail des lumières suit un cheminement traditionnel du Nord à l'Ouest. Les différents cabochons de couleur,(petits carrés des filets d'entourage) bleus,violets, jaunes orangé et rouges,sont les rappels discrets de cette symbolique de la couleur.
Les traces sur les murs de peinture fresques ocre-rouge,jaune,et quelques bleus des motifs romans existants, ont conduit à rechercher une écriture tant géométrique que figurative dans la composition des vitraux».
Les Amis de Nieigles
Créée en 1958, l'Association des Amis de Nieigles», dont l'objectif premier fut la sauvegarde du bâtiment, fortement dégradé par le temps, a réalisé en coopération avec la municipalité, un énorme travail de restauration.
Les subventions obtenues auprès des pouvoirs publics, des associations, ainsi que les dons de particuliers ont permis, au fil des années, de consolider l'édifice, de refaire l'ensemble de la couverture et les joints des murs extérieurs, d'effectuer une restauration partielle de l'intérieur, de refaire le porche, d'installer des cloches et de poser des vitraux.
L'association organise chaque année une fête champêtre le lundi de Pentecôte, et diverses manifestations culturelles estivales.
D'autres projets sont en cours d'élaboration.
Les "Amis de Nieigles" ont besoin de votre générosité et de vos encouragements.
Légendes
L'histoire de Notre-Dame de Nieigles est tissée de suaves légendes.
Une légende précise que, lorsque les premiers ouvriers se mirent à l'oeuvre pour construire l'église à l'emplacement de l'église actuelle de Pont de Labeaume, près d'un lieu qui s'appelait alors La Balme, chaque soir, un aigle emportait les outils des constructeurs, pour les laisser tomber à l'orient, sur la colline en face. on aurait vu dans ce fait un signe céleste et on décida de bâtir l'église en cet endroit.
Une autre légende prétend que l'église, située au haut d'un rocher élevé, avait prés de ses murs un arbre gigantesque sur lequel un aigle avait construit son nid. Il portait avec lui une ceinture que le peuple d'alors s'était imaginé avoir appartenu à la Sainte Vierge.
On connait aussi cet aimable fabliau de trois paysans délégués par leurs concitoyens auprès de l'évêque, à Viviers, pour y aller quérir le Bon Dieu. Un vicaire, qui aimait rire, leur confia, dit-on , une gourde soigneusement bouchée. Au retour, nos compères ne sachant résister au péché de curiosité, en laissèrent échapper un gros frelon et s'en revinrent, épuisés et penauds, persuadés d'avoir perdu pour de bon ... le Bon Dieu. Du moins c'est ce que raconte la légende ... mais les paysans, surtout de Nieigles, ne sont pas si naïfs.
Architecture
Extérieur
Le jointoiement des pierres de la façade nord met en lumière les traces du passé. A gauche, sous la fenêtre carrée, l'ancienne porte latérale et le haut du mur gouttereau du collatéral nord de l'église primitive. A droite, autour de la fenêtre. l'emplacement d'une fenêtre plus haute ou d'un oculus.
L'ancien enduit de la face sud a subsisté dans la partie gauche, où l'on distingue la fenêtre haute de la chapelle Saint-Blaise. Sur la partie droite, on remarque les différences d'appareillage des murs, témoins des nombreuses reprises effectuées au cours des siècles.
Les inscriptions grasées sur les pierres d'angle de la face nord de la tour clocher au-dessus du 1er redent, datent du XVIIe siècle.
Sur la face sud de la tour clocher subsistent des vestiges de l'enduit ancien qui a disparu à de nombreux autres endroits.
Le petit édifice collé à la tour clocher abrite l'escalier d'accès à la salle du ler étage.
La voute du presbytère.
A l'entrée de l'église, un portail à deux battants sculpté dans le syle Louis XVI porte au Fronton un oiseau de proie déployant ses ailes.
Jadis un Nartex à une seule voute, surmontée d'un toit de tuiles rondes à deux pans, s'adossait à la nef et au clocher beffroi au-dessus de l'entrée.
Clocher
En partant de la gauche, le clocher de l'église de Nieigles pendant les années 30, puis après sa transformation de 1970 et enfin après son remaniement de 1993-1995.
Nieigles, Eglise romane, Clocher abime en 1967
On ignore comment était la forme du toit du clocher avant la coque en béton sauf que celui-ci était couvert en lauzes. Les dégâts causés par la foudre en 1967 et l'incendie de 1969 eurent raison de ce toit qui fut refait en 1970 avec charpente et tuiles rondes.
Le clocher-beffroi forme une construction presque indépendante de celle de l'église et est divisé en deux étages, au rez de chaussée : une tribune des chantres reposait sur une charpente de bois aujourd'hui écroulée, au premier étage : une petite salle basse pourvue d'une cheminée , d'un four et d'un réduit, où le prieur et son vicaire pouvaient cuire le pain et garder le vin de messe, au deuxième étage la plate forme du clocher, où deux fenêtres romanes jumelles permettent de scruter l'horizon.
Nef
L'intérieur se compose d'une nef centrale rectangulaire, flanquée de deux collatéraux.
La nef avant et après restauration (campagne 1980-1983). Toute cette partie, datée du XIIe siècle, a été construite en prenant appui sur la construction primitive et comprend trois travées et deux bas-côtés.
Les bas-côtés ont été fortement remaniés depuis le XIIe siècle et ont été transformés en chapelles pendant la période XVe-XVIe siècles.
La croisée du transept, destinée à l'origine à recevoir un clocher, s'est très certainement écroulée et a finalement été transformée en travée avec coupole. Cette dernière nous apparaît de structure simplifiée avec quelques vestiges de pendentifs ornés de consoles à figures humaines.
La 2ème travée comporte une voûte plus haute que celle du choeur et vient s'appuyer, côté ouest, sur un ensemble compact dans lequel sont aussi engagés les pilastres qui soutenaient l'ancienne tribune.
La 3ème travée ne comporte pas de bas-côtés et s'ouvre au nord sur le cimetière par un portail roman du XIIe siècle.
Collatéraux
Choeur
Le choeur avant restauration, tel qu'il aurait été remanié au XVIe siècle. On remarque que les trois ouvertures de l'abside ne sont pas éclairées, car le toit du « presbytère », qui se trouve juste derrière devait être encore en place lors de la prise de vue.
L'abside telle qu'elle apparaît aujourd'hui après restauration. A cet endroit l'église primitive devait comporter une abside semi-circulaire peu profonde qui fut remplacée au XVe siècle par un mur chevet droit plusieurs fois remanié.
Le mur de l'abside avant restauration. Contrairement à la photo ci-dessus, la lumière du jour pénètre par les ouvertures, ce qui montre que le toit du « presbytère » était alors écroulé.
L'ouverture centrale dont le linteau est légèrement cintré a été obturé au XVe siècle par l'édification d'un 2ème mur chevet accolé au premier pour le consolider.
Les fenêtres de l'abside sont du XVIe siècle et témoignent des nombreux remaniements qui eurent Lieu partout dans l'édifice, en particulier pour les ouvertures, qui ne correspondent pas toujours aux époques de construction des murs dans lesquelles elles sont placées.
La fenêtre de la photo de gauche s'ouvre sur l'extérieur au-dessus de la tour située entre le presbytère et le collatéral sud (photo de droite).
La chapelle Saint-Antoine est la seule qui soit voûtée en berceau d'axe perpendiculaire à celui de la nef.
Elle comporte trois départs d'arêtes, deux sur les faces internes des piliers côté nef et un dans l'angle nord-ouest reposant sur une console sommairement sculptée, témoins d'une tentative de transformation.
Cette chapelle a été l'objet de nombreuses restaurations aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles.
Chapelle des Cinq palaies
La chapelle des Cinq Plaies est séparée de la 1ère travée de la nef (coupole) par un arc en plein cintre.
Elle constituait l'aile nord du transept de l'église primitive.
Voûtée en berceau d'axe parallèle à celui de l'église, elle présente un début de voûte d'arêtes côté nef.
La vue d'ensemble du bas-côté nord met en évidence les arcs en plein cintre qui séparent la chapelle des Cinq Plaies de celle de Saint-Antoine et du collatéral nord.
Dans la chapelle Sainte-Anne la voûte d'origine était probablement en berceau. Elle fut transformée plus tard en voûte d'arêtes et ensuite garnie de croisées d'ogive n'ayant pas de rôle porteur, peut-être pour donner de l'unité à ce bas-côté lors des reconstructions du XVIe siècle.
Très endommagée par le temps comme en témoignent les larges fissures et les éléments d'arcades au sol (photos du haut), elle a été en partie reconstruite pendant la campagne de travaux 1980-1983.
On remarquera la clé de voûte en forme de coeur.
Chapelle Saint Blaise
La chapelle Saint-Blaise est de facture entièrement gothique et nous est parvenue dans un état de conservation n'ayant nécessité aucune restauration.
C'est la chapelle la plus récente de l'église (XVIe-XVIIe siècles).
La fenêtre haute est certainement la seule ouverture de l'église qui soit restée à son emplacement d'origine.
L'arc qui sépare cette chapelle de la 2ème travée de la nef est légèrement brisé et est surmonté d'une petite voûte pénétrante servant d'arc de décharge.
Les caissons de la voûte sont de construction gothique classique et reposent sur des croisées d'ogive avec clé en forme de rosace.
Arc rampant
L'arc rampant sépare le choeur du collatéral nord. Il est dissymétrique: sa moitié droite est circulaire.
La moitié gauche semble avoir été étirée pour rejoindre le pilier, ce qui lui donne une forme ovoïde.
A droite on distingue la fenêtre obturée lors du réaménagement de cette partie du collatéral nord au fond, la porte d'entrée latérale actuelle.
Fresques
Les fresques que nous découvrons sur l'arc triomphant (à droite) et sur l'arc de la chapelle Saint-Antoine (à gauche) pourraient avoir été peintes au XVIIIe siècle.
Elles se présentent sous la forme de motifs polychromes : d'un côté une Vierge en Majesté et de l'autre un vase Médicis avec bouquet.
La restauration de la Vierge en Majesté fut très délicate car une importante lézarde la traversait de part en part.
Ces deux fresques sont les mieux conservées, mais d'autres sont visibles sur la voûte du choeur.
Toutes ces peintures murales ont été stabilisées en 1983, sans application de fixateur, pour permettre une éventuelle restauration ultérieure.