L'église Saint-Jean-de-Pourcharesse, commune de Saint-Pierre-Saint-Jean
Saint Jean de Pourcharesse
Architecture
Inscrite à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1971, l'église Saint Jean de Pourcharesse s'offre à la vue avec sa belle toiture de lauzes, son abside polygonale et son clocher-peigne. Il s'agit d'un lieu de culte antérieur à l'an mil.
A l'intérieur, une nef dont l'arcature présente une légère brisure ; deux travées, séparées par un arc. Une abside voûtée en cul-de-four. Deux chapelles latérales voûtées d'ogives, rajoutées ultérieurement, exposent deux culots sculptés, dont un ange musicien.
A découvrir aussi, une cuve baptismale, un retable baroque, les reproductions de deux fresques (deux anges) découvertes dans le choeur.
Avec son architecture, l'originalité de cette église restée très authentique réside dans la présence des décors peints sur les murs et voûtes. Les fresques, ces décors, donnent à penser que le bâtiment n'a pas fini de dévoiler ses secrets : toutes les actions et recherches entreprises tendent vers leur restauration, voire leur restitution.
Histoire
L'église de Saint Jean de Pourcharesse existait déjà au VIIe siècle, comme l'attestent les textes. Le lieu de culte initial fut fondé antérieurement à l'an mil, en même temps que des milliers d'autres églises sous le règne de Charlemagne. Le recueil de chartes anciennes, la Chanta Vetus, constitué vers l'an 950 par Thomas II, évêque de Viviers, la mentionne, ainsi que son possesseur, sans doute un seigneur de la région.
Cette église dont il ne reste aucune trace sinon l'emplacement, était placée sous le patronage de Saint Jean Baptiste. Le recueil indique que cette paroisse n'est pas une fondation monastique, et n'est affiliée ni à un prieuré conventuel, ni à une abbaye. Elle fut rebâtie par la suite, avec son beau clocher à peigne.
Dans le Haut Moyen Age l'essentiel du pouvoir, la haute et basse justice, les questions en référence au droit des gens, les biens d'église étaient sous la mouvance du seigneur local. A partir du XIe siècle, les seigneurs ont restitué à leurs diocèses respectifs les églises et leurs dépendances qu'ils avaient usurpées par souci d'ordre, depuis les grandes invasions.
Le recueil des chartes de Thomas II permet de rattacher cette paroisse à l'époque des fondations d'églises, c'est-à-dire aux VIIe-VIIIe siècles. Il ressort de ce recueil que Saint-Jean-de-Pourcharesse n'est pas une fondation monastique. La paroisse fut affectée autour du XIIe siècle au Corps Enseignant de l'Eglise Cathédrale de Viviers. Puis à l'époque de la Renaissance Carolingienne, Saint Jean fut rattachée à la « Vicarta Bausonica » ( « viguerie ») de Saint-Genest de Bauzon).
Au Moyen Age toute la contrée englobant la plupart des paroisses des cantons actuels de Joyeuse et des Vans se trouvait sous la mouvance des seigneurs de Chateauneuf de Randon en Gévaudan. Cette puissante baronnie était au faîte de son influence au XIIIe siècle.
En 1255, Guigon de Chateauneuf seigneur de Randon, et son neveu, autre Guigon, seigneur de Joyeuse, se partagent les droits possédés. Dans ce partage les paroisses de Faugères, Payzac, Thines et Pourcharesse échoient au seigneur de Joyeuse.
En 1464, Louis XI ordonne aux "Etats" de la Province de faire une « Estimation » de la valeur des biens, qui donne lieu à l'établissement du premier état officiel des impôts. Les fonctionnaires du roi décrivent la paroisse : « elle paraît pauvre mais le bétail y prospère, ainsi que la vigne, les abeilles. Les châtaigniers y sont très nombreux. ». L'absence de porcs dans la liste du cheptel est surprenante malgré la dénomination de ce village, dans la mesure où l'on doit lire « porcaritia », le bon pays des porcs dans le lieu-dit Pourcharesse. Il n'est pas fait mention de l'église, les biens nobles et paroissiaux n'étant pas soumis à l'estimation fiscale.
Il faut attendre la naissance du XVIe pour que l'église apparaisse dans les registres officiels, sous l'épiscopat de Claude de Tournon :
"Le grand autel n'est pas consacré mais sur sa table de pierre est attaché un petit autel portatif. Un autre dédié à Notre-Dame est consacré et un troisième dédié à Saint Antoine ne l'est pas. Quatre fenêtres non vitrées, deux calices d'argent... Il faudrait délimiter le cimetière en faisant une muraille car il n'y a rien qui le sépare de la terre profane... et réparer les verrières car elles touchent terre."
Le visiteur de 1501 a sans doute vu l'église telle qu'elle nous apparaît aujourd'hui avec la même forme extérieure, la même abside polygonale et son clocher à peigne de type auvergnat. L'église de Saint Jean nous surprend par la sobriété de sa construction. Elle fut édifiée par une main d'ouvre locale avec des matériaux pris sur place. Nous sommes ici dans une région schisteuse avec ses composants, le mica et le quartz, d'où l'aspect grisâtre de l'ensemble qui tranche nettement sur l'appareil de grès rouge foncé de l'église de Faugères. Cependant la toiture de lauses, très habilement restaurée par un « lauseur » du pays, demeure un témoin d'un type achevé : la pose de la lause y est un modèle d'harmonie.
Les visites pastorales de 1634 et 1675 donnent des indications sur l'histoire de Saint Jean De Pourcharesse, et la construction de l'église de Saint Pierre le Déchausselat fondée en la paroisse de Saint Jean, et des efforts persévérants des habitants de Saint Pierre pour que le titre de paroisse leur soit reconnu.
Au seuil de l'hiver 1675, l'official de Largentière fait état de la situation de pauvreté de la paroisse car la vie est dure dans les Cévennes.
« L'église est ancienne et fort humide parce qu'elle est presque toute enterrée et même du couchant où est la grande porte. Il faut descendre 4 ou 5 grands degrés de pierre. Elle a 11 pas de long et 5 de large, outre une chapelle de chaque côté ; le presbytère est de la largeur de l'église et terminé en rond. Il y a trois fenêtres. L'autel est de pierre avec son "austelet", tabernacle de bois peint, relevé au milieu du chour sur un marchepied de noyer à deux marches et orné d'un tableau représentant Notre Seigneur en croix, la Sainte Vierge et Saint Jean l'Evangéliste. » Les fonts baptismaux portent une inscription de 1450.
Les différents responsables font état des efforts des paroissiens pour effectuer les différentes réparations et aménagements malgré la relative pauvreté. Le système féodal fonctionna tant bien que mal jusqu'à la révolution française. Le prieur de Saint Jean menait la vie simple et rude de ses paroissiens qui fournissaient chandeliers, encensoirs et linge nécessaire au culte.
Dans cette région sauvage et secrète mais attirante, la malchance d'une mauvaise récolte devient vite le prétexte à des troubles et des brigandages qui ont atteint leur point culminant dans la décennie qui a précédé la révolution. La paroisse n'échappe pas à ces exactions.
En 1762 la paroisse comptait 500 habitants. Après 1850, la population diminue ; à partir de 1880, le chiffre de 430 habitants restera à peu prés stationnaire, suivi d'une chute radicale après les guerres.
Malgré l'exode, l'église de SaintJean de Pourcharesse qui se mourrait de vétusté a retrouvé vie, comme nombre de paroisses du Bas-Vivarais, grâce à de très nombreux passionnés qui ont contribué à la faire sortir de l'oubli.
Tiré d'une étude de M. L'Abbé JOUFRE "Une paroisse oubliée, Saint Jean de Pourcharesse", publiée en 1985.
INFOS PRATIQUES :
Pour visiter l'église, téléphoner à la mairie :04 75 39 46 63 ou à l'Association des Amis de l'Eglise de St Jean : 06 17 09 05 75
Lors des manifestations estivales (expositions de peinture, concerts...), l'église est ouverte l'après-midi, dates et horaires à vérifier.