FRANCE, AUDE, BRAM



Bram dans l'Aude

BRAM, DANS L'AUDE

La ville ronde dispute à Montségur la palme des martyres cathares

par Jean Maquet

Tiré de Télé 7 jours N°733


A la voir du ciel, la petite ville de Bram, dans l'Aude et, plus précisément, dans l'ancienne province du Lauraguais - est trop régulièrement ronde pour que cela paraisse naturel. Elle parait sortie tout droit des rêves d'un précurseur de nos urbanistes, entichés de géométrie. On va voir qu'il n'en est rien. A mi-chemin de Carcassonne (20 km) et de Castelnaudary (18 km), desservie par la voie ferrée Bordeaux-Sète, Bram, à 790 km de Paris, était destinée, par sa situation même et ses 134 mètres d'altitude, a être un lieu de passage entre la Montagne Noire, au nord, et, au sud, les Pyrénées. Aussi ne faut-il pas s'étonner si l'actuelle route CD 33, qui y donne accès, reprend le tracé d'une ancienne voie romaine. Mais les Romains firent mieux que passer par la plaine de Bram. Séduits par la douceur d'un microclimat où se conjuguent l'influence de la Méditerranée et celle de l'Atlantique, ils y construisirent, sous le nom d'Eburomagus, la première Bram connue, vers l'an 60 avant J.-C. Cependant, si de nombreux vestiges gallo-romains ont été retrouvés aux alentours, rien, dans leur distribution, n'autorise à penser que cette première Bram ait été ronde comme celle d'aujourd'hui. De toute façon, Eburomagus devait disparaître complètement au cours des siècles.
En fait, la Bram actuelle est née au XIIe siècle autour de son église, qu'une forteresse, dont une rivière, la Preuilhe, alimentait les fossés, enserrait alors comme dans une coquille. On n'y pouvait pénétrer que par une seule porte, située à l'est. A l'abri de cette enceinte, se terraient deux cent quarante-deux "feux", c'est-à-dire maisons. Or, le XII siècle fut, à tous égards, un siècle de renouveau et, comme on dit aujourd'hui, d'expansion. Bientôt, la coquille éclata. A trois reprises, au XIIIe, puis au XIVe et au XVIe siècle, Bram recula ses murs. Mais, comme par une sorte de miracle, et sans que l'on sache avec précision si ses habitants s'étaient donné le mot, les trois enceintes s'étagent concentriquement autour du noyau primitif. Bram est ainsi construite autour de trois rues circulaires que seules, il y a vingt ans encore, d'étroites ruelles réunissaient entre elles: A vrai dire, il devait bien y en avoir une ou deux plus larges que les autres puisque, parait-il, les premiers automobilistes qui s'aventurèrent dans cet apparent labyrinthe finirent par arriver jusqu'au centre, c'est-à-dire à l'église. Aujourd'hui, le problème ne se pose plus : on a ouvert des voies rayonnantes.

Le nez coupé, les yeux arrachés
Hélas, si l'histoire de la seconde Bram est un peu mieux connue que celle de la première, c'est à cause de ses malheurs. Bram fut un des hauts lieux du catharisme, à telle enseigne que les historiens locaux, déterrant d'anciens manuscrits, discutent aujourd'hui pour savoir si les survivants de Montségur furent bien brûlés sur place, sur le fameux « Pré des Crémats ». Il y a des raisons de penser que leur martyre eut lieu à Bram. Quoi qu'il en soit, une chose est certaine c'est qu'en 1210, venant de Montlaur, le chef des croisés, Simon de Monfort, qu'accompagnait le moine espagnol devenu saint Dominiquc, prit la citadelle de Bram après trois jours de siège et afin que nul n'ignorât la manière dont il traitait ceux qui osaient lui résister : qu'il fit couper le nez et la lèvre supérieure et arracher les yeux aux prisonniers, lesquels étaient plus de cent. A un seul de ces malheureux, il fut laissé un oeil afin qu'il pût guider cette lamentable cohorte hors du pays.

Bram, patrie des Spanghero
Bram semble avoir connu son apogée au XVIIe siècle. C'est alors que, la prospérité aidant, les propriétaires osèrent déroger à la règle en construisant hors les murs. L'exemplèe leur fut donné par le comte de Lauraguais lui-même, qui fit bâtir son château de Lordat avec les pierres des anciennes fortifications. Au siècle suivant, peu avant la Révolution, un de ses descendants, qui ne passait pas pour une lumière, s'étant rendu en Angleterre, comme c'était alors la mode chez les notables, le roi Louis XV lui demanda à son retour ce qu'il était allé y faire. « Penser, sire », répondit-il. « Les chevaux ? » demanda le roi, dont de mauvaises langues assurent que ce fut le seul mot d'esprit de toute sa vie.
A cette époque, les céréales étaient la grande ressource de la plaine de Bram. Aujourd'hui, la vigne leur dispute la place et l'on essaie d'introduire le tabac. Innover tout en préservant semble la devise tacite des Bramais. Dès la Libération, la ville a été à la pointe du coopératisme et l'on y vit fleurir sept coopératives qui groupent tous les agriculteurs de la région. Cependant, les vieux métiers survivent : tailleur de pierre, bourrelier, tonnelier, forgeron. Mais, chose curieuse pour une ville si pittoresque, Bram est restée jusqu'ici à l'écart du tourisme. Ce qui sans doute s'explique par l'attraction des montagnes voisines et sa vocation de lieu de passage.
Les Bramais se consolent de ce dédain du monde extérieur à leur endroit à la pensée que, proportionnellement à leur population (2 819 habitants), peu de villes peuvent se flatter d'avoir produit tant d'hommes célèbres en tout genre : des politiciens, les Sarraut, un géographe dont les atlas ont fait longtemps autorité, Vidal-Lablache, aujourd'hui un pamphlétaire, Jean Cau, et summum des summums pour un pays fanatique du rugby, la tribu des Spanghero.

Bram

Depuis le IIème siècle avant notre ère, Bram la Gallo-Romaine (anciennement appelée Euromagus) s'est développée au milieu de la plaine du Fresquel, débouché naturel vers le Limouxin, le Razès, l'Ariège et la Montagne Noire. Située à la limite orientale du Lauragais, Bram s'est développée dans la plaine du Fresquel, au carrefour de deux routes antiques : la voie d'Aquitaine entre Narbonne et Toulouse, et un axe nord-sud reliant la montagne noire à l'Ariège. Son emplacement à la croisée des voies de circulation favorise très tôt l'établissement d'une activité commerciale comme en témoigne la toponymie gauloise «Eburomagus», qui signifie littéralement «le marché d'Eburos ».
Au moyen-âge, l'agglomération de Bram s'organise en plusieurs cercles concentriques successifs autour de l'église, lui conférant l'apparence discale caractéristique qu'elle conserve aujourd'hui, sous le nom de «circulade», caradéristique de plusieurs villages du Languedoc.
A voir absolument, la Maison de l'Archéologie, située au coeur du village. Elle développe en 6 thèmes la richesse du patrimoine archéologique du Lauragais de la Préhistoire au Moyen-Age. Mais c'est la période Antique qui retiendra tout particulièrement l'attention.






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