Rennes vient de Riedones, nom de la tribu gauloise peuplant cette partie de l'Armorique au IIème siècle avant J.-C. et qui choisit "Condate" (confluent) pour chef-lieu d'une cité très prospère sous l'occupation romaine qui s'étend sur près de 90 hectares. Face aux menaces que représentent les " Barbares " à la fin du IIIème siècle, lui succède une cité fortifiée enserrée dans une muraille de 1200 m qui couvre 9 hectares. Cette enceinte délimite le cœur de la cité médiévale et en constitue jusqu'au XVème siècle sa seule défense. L'essor urbain des XIVème et XVème siècles se traduit par la reprise de la première fortification et l'édification de deux nouvelles enceintes : " la ville neuve " au Nord Est de la Vilaine jusqu'à l'abbaye Saint-Georges, et la " nouvelle ville " au sud.
Les fiançailles du roi Charles VIII avec la duchesse Anne de Bretagne (mariée par procuration un an plus tôt à Maximilien d'Autriche dans la garde robe ducale, rue Saint-Yves), sont célébrées dans la chapelle Notre-Dame-de-Bonne-Nouvelle, en 1491. Elles sonnent le rattachement de la Bretagne à la France, officialisé en 1532 par le traité d'Union. Cette cité fortifiée, siège d'un évêché dès le Vème siècle, étoile routière, résidence des ducs, devient dès lors une ville provinciale marquée par les maisons à pans de bois et cette tradition de bâtir, privilégiée trente ans plus tard par l'installation du parlement qui consacre la ville dans son rôle de capitale provinciale et de cité aristocratique : tribunal de grande instance pour toute la province, chambre d'enregistrement des Edits royaux, il bénéficie du droit de faire des remontrances au roi. Le grand chantier du palais dure un siècle (1618-1709) et véhicule l'architecture savante et royale dans la pierre et le décor. Parallèlement, sont édifiés de nombreux hôtels particuliers pour les gens de robe et des couvents liés à la Contre-réforme.
La fronde parlementaire, qui débute avec la révolte du papier timbré en 1675 et l'exil du parlement à Vannes jusqu'en 1690, se poursuit en 1765 par l'affaire de la Chalotais, procureur général, dans un contexte de réaction au pouvoir royal.
L'incendie du 22 décembre 1720 ampute le cœur de la ville de 33 rues et 900 maisons à pans de bois. Jacques Gabriel, chargé de la reconstruction après l'éviction de l'ingénieur des fortifications Robelin, réalise une ville nouvelle, aérée, en pierre, articulée autour de deux places royales, l'une célébrant Louis XIV sur fond du Parlement de Bretagne, l'autre Louis XV, dont la statue préside à l'édification de l'Hôtel de Ville.
Cette "ville sainte sonnante et savante" est le théâtre des premiers événements révolutionnaires et "le berceau de la Liberté". Ce que confirme la citation de Chateaubriand " Lecteur, je t'arrête : regarde couler les premières gouttes de sang que la Révolution devait répandre […], sang qui sépare à jamais le vieux monde dont tu sors, du monde nouveau à l'entrée duquel tu mourras".
Le XIXème siècle se caractérise par l'assainissement et la canalisation de la Vilaine qui désenclavent la "basse ville" et la construction de la gare ferroviaire (1857). L'éclectisme architectural à travers un théâtre (1830-36) et un palais des facultés (1847-52) exprime la vocation administrative et culturelle que Rennes se donne tandis que l'urbanisation présente un caractère résidentiel. La seconde moitié du siècle voit s'édifier sous les plans de J-B Martenot, le lycée, la faculté des sciences (1888) - où se tiendra en 1899 le second procès Dreyfus, les halles des lices, à la façon de Baltard (1867), le Thabor… , le palais du commerce. Sous le mandat du même Jean Janvier (1908 - 1923), E. Le Ray dessine une piscine, des halles centrales, des crèches marquées par l'Art déco et une mosaïque.
Alors que s'affirme sa vocation universitaire, Rennes, capitale régionale de la Bretagne, connaît après la seconde guerre mondiale, l'une des plus fortes croissances de France (5 000 hectares urbanisés pour 200 000 habitants en 1980) doté d'un secteur sauvegardé de 35 hectares.
Les Portes Mordelaises, rue des Portes Mordelaises
Un châtelet à deux tours, défendu par un pont-levis, percé de portes charretière et piétonne, menait autrefois à Mordelles. Lieu symbolique par excellence, c'est devant ces portes que les futurs ducs devaient prêter serment de défendre les libertés de la Bretagne. A l'ouest, l'enceinte médiévale fut bâtie sur le tracé de la muraille du IIIème siècle. Une plate-forme d'artillerie fut créée en ouvrage avancé (barbacane), pour protéger cette entrée de ville.
Condate, cité principale des Riedones au IIème siècle avant JC. Les premières implantations se font sur le site proche de la confluence de l'Ille et de la Vilaine.
Rennes se protège : Au IIIème siècle, une muraille est édifiée qui protège la ville sur 9 ha. Elle mesure 1200 m de long, 4 m de large, 6 à 8 m de hauteur.
1618-1709 le grand chantier : A la suite de l'acte d'Union de 1532, le roi dote la Bretagne d'un parlement. Installé à Rennes, il fonde la ville en tant que capitale provinciale et cité aristocratique où s'élèvent de nombreux hôtels particuliers. Commencé en 1618, sa construction dure près d'un siècle.
L'incendie de 1720 et sa reconstruction : Lors de l'incendie de 1720, 33 rues et 900 maisons à pans de bois sont détruites. Robelin puis Gabriel sont chargés de la reconstruction.
Les grands travaux : Le canal de l'Ille et Rance est ouvert à la navigation en 1832. En 1840, la construction des quais débute. La gare ferroviaire est créée en 1857.
De l'Occupation à la Libération : Les bombardements de 1943-1944 causent la mort de 1600 Rennais, la destruction de 640 immeubles pour 9500 endommagés.
Rennes aujourd'hui : En 1988, la Rocade Nord/Ouest est construite puis, huit ans plus tard, l'axe nord-est. Le premier TGV est mis en circulation en 1990. 2001 : mise en service du métro VAL.
Rennes - L'église Saint Sauveur
Basilique Notre-Dame des Miracles
Une église de recueillement
Derrière sa façade à l'italienne et en granit, très sobre, du XVIIIème siècle, cette église de recueillement présente un ex-voto de l'incendie de 1720 et un mobilier remarquable : baldaquin, chaire, fonts baptismaux et orgues des XVIIè et XVIIIème siècles. A droite de la nef, on vénère toujours la statue de Notre-Dame des Miracles qui sauva dit-on, la ville assiégée par les Anglais en 1357, en indiquant du doigt la galerie creusée par les assaillants. Le nombre d'ex-voto et de cierges entourant la statue est impressionnant.
La chapelle très ancienne, édifiée ici et reliée à l'abbaye Saint-Georges, rue Gambetta, était un haut lieu de la piété rennaise notamment en raison de la dévotion portée à Notre-Dame des Miracles et des Vertus depuis le Moyen Âge. En 1682, la partie ouest de l'église s'écroule et une reconstruction complète fut décidée. L'édifice actuel a été bâti de 1703 à 1760 sur les plans de l'architecte François Huguet. La construction fut retardée par le grand incendie de 1720 qui détruisit la toiture et presque tout le mobilier intérieur à l'exception de la statue de la Vierge (voir le tableau près des fonts baptismaux). Les travaux seront repris aussitôt puis achevés, à partir de 1755, par l'architecte Le Forestier, auteur notamment de la façade à l'italienne, qui est d'une grande sobriété.
L'église, est composée d'une nef, de deux collatéraux, d'un transept et d'un choeur à pans coupés. Entièrement voûtée de pierres, c'est une merveille d'équilibre et un témoin du style classique caractérisant l'époque de Louis XIV. Son orientation vers l'ouest, à l'inverse de la plupart des églises, date de la reconstruction, et prend modèle sur l'ancienne chapelle des Augustins achevée peu avant (actuelle église Saint-Étienne). Elle lui permet de gagner en espace et surtout de l'ouvrir vers le coeur de la ville.
Le maître-autel est surmonté d'un baldaquin (1764-68) à gloire trinitaire porté par quatre colonnes de marbre rouge en provenance de Saint Berthevin. C'est le mieux conservé des rares baldaquins d'ancien régime en Ille-et-Vilaine.
La chaire est un chef-d'oeuvre de ferronnerie, réalisée par Jean Guibert de 1779 à 1781 sur les dessins d'un artiste allemand établi à Renies, Albéric Graapensberger. Guibert est également l'auteur des grilles des fonts baptismaux. Sur la chaire sont représentés de nombreux symboles : trinitaires, bibliques et christologiques, soulignés par des décors de fruits, palmes et guirlandes dans le style Louis XVI.
On remarque à droite en entrant, une chapelle dédiée à Notre-Dame des Miracles et Vertus, renouant notamment avec la tradition attribuant à l'intervention de la Vierge à cet endroit le salut des habitants menacés lors du siège de la ville en 1357. La dévotion à Notre Dame des Miracles et Vertus fut relancée en 1864 à l'initiative de l'abbé Lelièvre, curé de Saint Sauveur. La statue réalisée en 1876 par le sculpteur Goupil a remplacé la statue ancienne, disparue pendant la Révolution en 1793. Les statues de saint Jean Eudes et de saint Louis-Marie Grignion de Montfort, de part et d'autre de la chapelle, rappellent la mission de ces deux prêtres, venus dans la ville et qui ont contribué au développement du culte marial depuis le 17e et le 18e siècle.
Les deux chapelles latérales du transept : celle de la Vierge au sud et celle de saint Joseph au nord, sont remarquables en particulier par leurs retables concaves en tuffeau avec chacun quatre colonnes de marbre rose. Ils sont surmontés d'un ovale destiné, dans leur décor d'origine malheureusement bien terni, à créer l'idée d'une véritable nef en raccourci. Les statues, dans le style sulpicien, sont sculptées avec beaucoup de grâce.
L'orgue de tribune provient de l'ancienne abbaye Saint-Georges, il fut acquis en 1791 lorsque l'abbaye fut vendue comme bien national.
Sur le plan religieux, l'église a connu plusieurs mutations. Ancienne chapelle, elle est devenue église paroissiale le 7 octobre 1667. Pendant la Révolution elle fit office de cathédrale pour l'évêque constitutionnel Le Coz avant de devenir le Temple de la Raison en 1793 et Temple de l'Être Suprême en 1794. L'année suivante, Mgr Le Coz la loua à la ville pour la redonner au culte catholique. Elle retrouvera sa fonction d'église paroissiale au début du XIXème siècle. Le développement de la dévotion et l'agrandissement de la chapelle aboutirent à la consécration, en 1912, de l'église Saint-Sauveur, élevée au rang de basilique par le pape Benoît XV en 1916.
La paroisse Saint-Sauveur ayant été rattachée à la cathédrale en 1939, l'église devient « basilique de dévotion », réservée au culte de Notre-Dame des Miracles.