FRANCE, PARIS |
La muraille
La muraille de Philippe Auguste est plus qu'un rempart : c'est une structure de rêve, qui fait surgir au milieu du Paris d'aujourd'hui les fantômes des guerres moyenâgeuses, les bruits de bataille, la rudesse de temps révolus. Elle est là, parmi nous, encore présente à de nombreux endroits pour qui sait la voir. Elle est totalement imbriquée dans notre quotidien et nous la côtoyons souvent sans le savoir. Mais pour ceux qui savent la reconnaître et l'évoquer, c'est un coin du voile qui se soulève : la ville banale prend une dimension historique. Nous réalisons que les rues parcourues de manière quasi-somnanbulesque sont en fait la résultante d'une histoire ancienne, dense et riche qui nous invite à méditer sur nos racines, notre présent, et notre avenir aussi bien.
Construite entre 1190 et 1220 sous le règne de Philippe Auguste, cet ouvrage fortifié est le second et dernier (après le mur Gallo Romain qui ceinturait l'île de la cité) à avoir eu une fonction défensive globale. En effet, les murs ultérieurs étaient soit des ouvrages partiels (muraille de Charles V et Louis XIII) soit des murs "fiscaux" (mur d'octroi de Louis XIV) soit les lignes de fortifications modernes ("fortif" de Thiers, érigées après la Commune).
Le mur de Philippe Auguste, lui, est une "vraie" muraille avec un chemin de ronde, des créneaux, des portes fortifiées, des tours rondes régulièrement espacées. Il faisait tour le tour de la ville de l'époque. Le Paris de 1230 ressemblait un peu au Carcassonne d'aujourd'hui. 2800m sur la rive droite, 2600m sur la rive gauche, 3m d'épaisseur à la base, 9m de hauteur et une tour de 14m de haut tous les 70 m, le rempart était une fortification imposante. Pour le défendre à l'Ouest Philippe Auguste fit ériger sur ses deniers (le mur, lui, était financé par la ville) le Louvre féodal qui devait donner naissance au bâtiment que nous connaissons aujourd'hui.
La structure du rempart s'avéra être un élément clé pour sa survie : composé de deux murs épais, solides et soigneusement appareillés, tout l'espace entre ces deux parois est rempli de petites pierres et de mortier que l'on peut assimiler à des quasi-débris. Cette conception "en sandwich" était connue des Parisiens. Quand, au fil des siècles, la muraille fut déclassée, au lieu d'être détruite (un sort commun à bon nombre de monuments de Paris qui terminèrent leur vie en servant de carrières), elle fit office d'assise à des constructions qui s'appuyèrent sur chacune de ses faces, permettant ainsi de notables économies aux entrepreneurs. Ainsi emprisonnée entre deux maisons sur une bonne partie de son parcours, la muraille survécut au fil des siècles. Les nouveaux îlots furent certes détruits quelques siècles plus tard, mais pas tous. Il subsiste ainsi des portions appréciables de la structure dont certaines furent mises à jour très tard. On "découvrit" après la deuxième guerre mondiale une cinquantaine de mètres de murs et deux tours très bien préservés, rue des Jardins St Paul, sur la rive droite.
Une autre particularité intéressante de cet ouvrage réside dans le fait qu'il fut construit sur le sol géologique de la ville. Aujourd'hui, près de la Seine, le niveau actuel de circulation est à près de 7 mètres au-dessus du terrain "réel" de l'agglomération. La muraille se retrouve donc enterrée. Rue Mazarine, sur la rive gauche, il faut descendre dans un parc souterrain de stationnement pour l'apercevoir. Un peu plus loin, dans la cour du Commerce St André, c'est une tour intacte qui est emprisonnée dans un magasin : on l'aperçoit au travers de la vitrine !
A d'autres endroits, ce n'est pas la muraille qu'on voit, mais des constructions plus récentes qui l'entourèrent et en conservent la trace. Ainsi, rue du Louvre sur la rive droite, on peut observer depuis le trottoir un mur étrange qui forme un tiers de cercle : c'est la trace d'une des tours de la muraille. Rue du faubourg St Honoré et rue St André des Arts, si l'on regarde de près les entrées des immeubles, on se rend compte que les murs des immeubles forment un angle aigu avec la chaussée : c'est que ces maisons s'appuyaient sur la muraille qui elle même formait un angle avec la rue. Tels des dominos, ce sont tous les immeubles aux alentours qui adoptent ce plan peu banal
Ainsi, de morceaux en morceaux, d'emplacements en emplacements, présente ou disparue, la muraille de Philippe Auguste évoque directement ou indirectement un Paris presque évanoui qui tente malgré tout de nous faire signe par-dessus les siècles. Et ce Paris là était à son époque au moins aussi ambitieux ou novateur que la ville qui abrite la Tour Eiffel, Beaubourg et le boulevard périphérique. Cette section du site de "Paris au temps de Philippe Auguste" est dédiée au rempart. Elle est aussi consacrée à ceux qui savent encore rêver et qui, tout Internautes qu'ils soient, acceptent que leur identité se fonde aussi bien sur la modernité que sur la nostalgie.
Le quotidien (sur le site http://philippe-auguste.com/quotidien/index.html) ...
Les Halles
Avant Philippe Auguste, il y avait aux Champeaux un marché au blé en plein air. Philippe-Auguste y fit transférer en 1181 "la foire St Lazare" qui est à l'origine du quartier des Halles. Cette foire se trouvait entre l'église Saint-Laurent et la Léproserie Saint Lazare (soit notre rue du Faubourg Saint Denis et le Boulevard Magenta). Le roi avait racheté cette foire aux lépreux. En 1182, le marché fut agrandi, suite à la confiscation des maisons aux juifs.
En 1137, Louis VI avait déjà transféré un marché depuis la place de Grève jusqu'à cet endroit.
Il fut d'abord en plein air, puis deux bâtiments y furent construits. Des portes fermaient ces bâtiments la nuit, pour permettre aux marchands d'y déposer leurs marchandises à l'abri. En 1187 le cimetière des Saints Innocents fut clos par un mur afin d'être séparé du marché des Champeaux.
Jacques Broussard, dans son livre Nouvelle Histoire de Paris nous dit à propos de ce cimetière situé près de l'église des Saints Innocents et appelé : cimetière des Champeaux
"C'était une grande place traversée par les passants où l'on vendait des marchandises. Les Parisiens avaient coutume d'y enterrer leurs morts, mais les corps ne pouvaient être inhumés décemment à cause des pluies et de l'abondance d'une boue fétide. (...) Guillaume le Breton dans sa "Philippide" ajoute qu'il était ouvert aux porcs et plein d'immondices, que les prostituées y exerçaient leur commerce et que le roi le fit entouré d'un mur élevé fait de pierres de taille. Ainsi furent assainis le quartier et le marché. C'est sous Philippe Auguste, à cause de tous ces travaux et notamment de la construction de deux grands pavillons, que le marché commence à s'appeler "les Halles". Ce marché fut totalement compris dans l'enceinte de Philippe Auguste."
Vraisemblablement au début du règne de Philippe-Auguste, ce marché attirait surtout les merciers, marchands de blé et de légumes.
En 1222 une foire avait été installée sur le parvis de Notre-Dame. Il s'agissait d'une foire aux lards, graisses et chairs de porc. Elle durait une seule journée. Rappelons l'importance des porcs au Moyen Age, animaux très prisés à cette époque-là.
On parle également de la foire du Lendit en pleine campagne sur la route de Saint-Denis. Philippe Auguste réglementa son installation en 1215. Pendant la durée de la foire, les marchands devaient cesser de vendre aux Halles. Les denrées invendues à cette foire pouvaient cependant être réexposées aux Halles.
...
(suite sur le site http://philippe-auguste.com/)