Située au sud de la presqu'île, l'abbatiale Saint-Martin d'Ainay est une des rares églises romanes conservées en élévation à l'intérieur de la ville de Lyon : elle constitue un très bel exemple d'église à trois nefs avec transept inscrit, couvert d'une coupole ; un clocher porche ponctue la façade occidentale. L'église est formée de plusieurs édifices : l'essentiel des bâtiments est édifié aux XIe et XIIe siècles, La chapelle Saint-Michel au XVe siècle.
Au XIXe siècle, d'importants travaux d'urbanisme ont gommé le plan primitif de l'abbaye. Seule subsiste l'abbatiale, dont le plan a alors été modifié par l'ajout de 2 longues chapelles latérales et d'annexes qui ont englobé le clocher-porche.
Points de repère sur la Basilique d'Ainay
Raccourci de l'histoire de l'abbaye
- Du 4ème au 9ème siècle, pas de certitude sur son existence : peut-être y-eut-il un ermitage, peut-être une abbaye, détruite et reconstruite à plusieurs reprises.
- Au 9ème siècle attestation de l'existence d'une abbaye bénédictine.
- En 1107, consécration de l'église actuelle, jouxtant une chapelle déjà existante, du 11ème siècle : la chapelle Sainte Blandine,
- Au 15ème siècle, construction de la chapelle Saint Michel, de style gothique, sur l'emplacement d'une chapelle dédiée à la Vierge.
- En 1562 en pleines guerres de religions, l'abbaye est mise à sac par les troupes du baron des Adrets, un protestant dont les troupes ont fait beaucoup de dégâts . Destruction partielle du cloitre et des archives de l'abbaye.
- En 1685-1690, les moines bénédictins deviennent des chanoines qui logent désormais à l'extérieur de l'abbaye. L'église devient une paroisse (à la place de l'ex-paroisse Saint Michel)
- Pendant la Révolution, et jusqu'en 1802, l'église est désaffectée.
- A partir de 1830 commence une restauration de l'église, dans le style néo-roman.
- En 1844, grâce à Mérimée, alors Inspecteur des Monuments Historiques, l'église d'Ainay est classée au Répertoire des Monuments Historiques.
Les transformations réalisées au XIXème siècle
- Percement et surélévation des murs des bas-côtes donc 4 fenêtres au lieu de 3 et plus larges.
- Ajout des chapelles de saint Joseph et la Vierge.
- Construction du Baptistère et de la sacristie actuelle.
- Remplacement des voûtes en lambris par des voûtes en plein cintre formées de briques plâtrées et peintes.
- Elargissement des fenêtres de l'abside.
- restauration de la chapelle sainte Blandine et ouverture sur la nef
- Peintures des voûtes, de la coupole et du cul-de-four de l'abside
- Sculpture du typan du porche
- Mise en place des statues de saint Joseph, de la Vierge et des Prophètes
- Pose des vitraux de l'abside (imités de l'art du vitrail du 13ème siècle).
- Pose des vitraux de la chapelle saint Michel.
- Mise en place du lustre, imitant celui d'Aix-la-chapelle et représentant la Jérusalem Céleste.
- Mise en place de l'autel en bronze doré et émaillé, représentant des personnages en rapport avec le Sacrifice : Aaron, Abel, Jésus, Abraham, Melchisédech
- Installation d'un orgue, d'abord un Cavalé-Col puis un Mertlin
- Mise en place des mosaïques du sol . Celles de sainte Blandine et du couloir datent du 12ème siècle et ont été retrouvées sous l'autel du XIXème.
Chapelle Sainte Blandine
Le plan de l'église Sainte-Blandine remonte sans doute à l'époque carolingienne (nef unique et chœur carré à chevet plat).
Au XIe siècle, elle a été voûtée, décorée de chapiteaux à entrelacs proches de ceux de Saint-Romain le Puy et pourvue d'une petite crypte possédant deux annexes destinées à abriter des reliques.
Au XIX siècle, la chapelle est restaurée par Tony Desjardins. Les murs sont doublés.
Les mosaïques romanes placées sur les murs ont été retrouvées en avant de l'autel de l'église Saint-Martin. L'effigie représente le pape Pascal II qui consacra l'église le 29 Janvier 1107. Les restaurations successives ont dénaturé le modèle d'origine: le pape, assis, bénissait l'autel de la main droite et tenait un sceptre de la main gauche, signe de pouvoir temporel et de protection sur l'abbaye qui figurait à ses pieds. L'inscription contre le mur du couloir évoque les devoirs du chrétien.
La mosaïque du sol de la crypte évoque le nom des martyrs lyonnais de 177. Des fresques de J.B. Frénet (1814-1889) décoraient jadis les murs et la voûte.
Les bas-reliefs historiés de l'entrée du choeur
Le bas-relief coté nord, dit "de Caïn et Abel" (Génèse ch 4), nous montre les conséquences du Péché Originel, mais aussi la lutte contre le mal et l'espérance du salut par le sacrifice du Christ.
I : Sur la face nord, Caïn tue Abel.
II : Sur la face principale, Caïn et Abel présente leur offrande à Dieu qui bénit Abel. A droite l'archange Saint-Michel terrasse le dragon symbole du mal.
III : sur la face sud, on lit sur le phylactère que tient Jean-Baptiste :
EANUS DI
Ecce AgNUs DeI : Voici l'Agneau de Dieu
Cette annonce explique la représentation de l'agneau au sommet de chacun des trois pilastres historiés.
De sa main droite Jean-Baptiste, le Précurseur, désigne le Christ qui lui fait face de l'autre-côté de l'abside, ainsi que sur l'autel.
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Le bas-relief côté sud, dit d'Adam et Eve (Génèse ch 3), représente le Péché Originel et le salut de l'humanité.
V : sur la face principale, Adam, Eve et le serpent (ici monstre à 2 têtes, l'une près de la main d'Eve, l'autre avec un bec de canard qui tient un rameau à deux branches et se love autour de l'Arbre de la connaissance du Bien et du Mal).
A gauche, deux actions se déroulent en même temps : Adam et Eve vont manger le fruit défendu et déjà ils ont conscience de leur faute. Ils cachent leur nudité.
A droite, ils se dissimulent, accroupis derrière des feuillages. Dieu, représenté sous les traits du Christ, va les chasser du Paradis : au péché succède la chute.
VI : Sur la face sud, on voit une Annonciation : la Vierge assise tient le livre du prophète Isaïe sur lequel sont gravées quatre lettres :
EVCE
Ecce Virgo Concipiet Emmanuel
"Voici qu'une Vierge concevra l'Emmanuel"
A la désobéissance d'Eve répond le Oui de Marie. Son acceptation, exprimée par sa main droite, contribue au salut de l'humanité.
IV : sur la face nord et représenté le Tétramorphe : le Christ en gloire est assis, encadré par les symboles des quatre évangélistes. Il tient un livre ouvert avec les lettres :
ESLM
Ego Sum Lux Mundi
Le Christ annonce : "Je suis la lumière du monde" et il revient pour juger les vivants et les morts. Cette scène illustre la divinité du Christ.
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Quelques précisions
- Les colonnes de la nef (en calcaire) et celles du transept (en granit d'Égypte) sont d'origine romaine et ont été réemployées ici . Tous les chapiteaux sont du 12ème siècle à l'exception de ceux de la porte extérieure du Baptistère contemporains de la construction de celui-ci au XIXème.
- Les niches de la chapelle sainte Blandine abritaient des reliques (vraies ou fausses . . . ), mais pas celles de Pothin ni de Blandine.
- La mosaïque du sol de la crypte sainte Blandine date du XIXème et cite les noms des 48 martyrs de 177.
- A l'extérieur, les incrustations de brique sont d'origine ( sauf la croix du porche et celles des ailes droite et gauche); elles rappellent le décor des aqueducs romains.
- Sur le tympan, dans les trompes de la coupole et un des chapiteaux de l'abside, le Tétramorphe symbolise les quatre évangélistes :
Saint Mathieu symbolisé par l'ange
Saint Jean, par l'aigle
Saint Luc, par le taureau
Saint Marc, par le lion.
Le terme de "basilique" conféré à Ainay en 1905, est honorifique; il est dû au culte voué à Marie Immaculée depuis le début du 12ème siècle au moins.