La ville de Cluny est un bourg monastique typique, édifié autour de l'abbaye.
Cluny, plan général
L'abbatiale Cluny III
Le grand transept donne une idée de la hauteur sous voûte de Cluny III dont la nef culminait à 30 mètres. La voûte est en berceau brisé, et une coupole porte le clocher. L'élévation comporte trois niveaux un niveau de grandes arcades surmonté d'un triforium et de grandes fenêtres qui ouvraient au-dessus du double collatéral, pour laisser pénétrer la lumière venant directement de l'extérieur. Le petit transept : Cluny III est dotée d'un second transept, parti exceptionnel esquissé auparavant à Saint-Benoit-sur-Loire. Les chapelles du petit transept et du choeur permettaient la vénération des reliques et les messes privées célébrées par des moines ordonnés prêtres. Les moines offraient l'espérance d'une meilleure protection contre la damnation éternelle par leur prière continuelle, c'est pourquoi les laïcs donnaient des terres à l'abbaye et cherchaient à obtenir une sépulture dans son église.
La chapelle Jean de Bourbon porte le nom de l'abbé qui la fait édifier vers 1460, à l'extrémité du petit transept, dans un style gothique flamboyant. Son décor sculpté, mutilé lors des guerres de Religion, était composé d'un ensemble de statues d'apôtres reposant sur des consoles sculptées à l'image des prophètes de l'Ancien Testament, pour illustrer la filiation entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Cette chapelle funéraire comprend un oratoire muni d'une cheminée qui permettait à Jean de Bourbon de bénéficier d'un certain confort.
Le cloître du XVIIIe siècle est en grande partie édifié à l'emplacement du cloître roman et de l'église Cluny II. Son austérité empreinte de grandeur illustre la réforme de l'abbaye opérée au début du XVIIe siècle.
Le palais dit du pape Gélase remanié au XVIIe puis au XIXe siècle, conserve son dernier étage des années 1300-1330 avec de remarquables sculptures. Le pape Gélase II, chassé de Rome et réfugié à Cluny, y est mort en 1119. Le petit cloître présente des vestiges sculptés illustrant chacune des grandes périodes de l'histoire de Cluny, preuve de la permanence de l'activité artistique du Xe au XVIIe siècle. Son volume a été restitué en 2010. Le passage Galilée reliait au Moyen Âge le cloître à l'abbatiale Cluny III. L'endroit doit son nom à l'église du Xe siècle, Cluny II, car ici se situait une partie de son avant-nef qualifiée de « Galilée ». La cour de la Congrégation longe le mur gouttereau de Cluny III. Le clocher octogonal dit de l'« Eau bénite » coiffe le bras sud du grand transept, et reste le seul des quatre clochers qui distinguaient l'abbatiale Cluny III. Il présente un décor de bandes lombardes au dernier niveau.
Les bâtiments côté jardin
Les bâtiments conventuels du XVIIIe siècle s'ordonnent en U autour du jardin. Des éléments décoratifs contribuent à ennoblir la composition, comme les garde-corps en fer forgé des balcons et les motifs rocaille des linteaux des baies.
Le cellier/farinier : Le bâtiment du XIIIe siècle a probablement servi d'atelier dans un premier temps. Puis il a été dédié à la conservation des denrées alimentaires, avec un cellier voûté au niveau bas et un farinier à l'étage. La charpente est d'origine. Huit chapiteaux du choeur de l'abbatiale Cluny III sont disposés selon la proposition de Kenneth John Conant, responsable des fouilles archéologiques de 1928 à 1950. L'iconographie célèbre la liturgie qui unit l'homme à Dieu, à travers les tons du plain-chant et marque l'harmonie existant entre la musique et l'univers, avec les quatre saisons et les quatre vents.
L'enceinte fortifiée et le bourg monastique
L'enceinte fortifiée de l'abbaye comportait des tours de défense comme la tour du Moulin, ou la tour du Fromage dont la partie basse date du XIe siècle. Le bourg s'est développé grâce à l'activité économique engendrée par l'abbaye, attirant une importante population laïque. Certaines maisons ont été construites contre le mur d'enceinte avec l'aide des bâtisseurs de l'abbaye, ce qui leur confère une grande qualité. Les façades des maisons romanes se reconnaissent à leur grande arcade au rez-de-chaussée surmontée d'une claire-voie à l'étage.
Les vestiges imbriqués dans la ville
Les écuries dites de Saint-Hugues accueillaient les hôtes et leurs montures. Le palais Jean de Bourbon a été édifié au XVe siècle comme résidence de l'abbé Jean de Bourbon. Il accueille le musée d'art et d'archéologie et présente des oeuvres sculptées issues de Cluny III, des maisons médiévales du bourg ainsi que du mobilier liturgique. Une grande maquette représente la ville au XIIIe siècle, à son apogée. L'avant-nef de Cluny III fut ajoutée après 1130 en avant de sa façade. Elle est conçue comme un grand vestibule destiné aux entrées solennelles. Son portail était encadré de deux tours appelées Barabans dont il reste la partie basse. Son élévation comportait, comme la nef, de grandes arcades dont subsistent quelques bases de piliers, un triforium et un niveau de fenêtres hautes. Des fouilles ont révélé la présence de nombreuses sépultures de laïcs.
La porte d'honneur de l'abbaye du XIIe siècle, dont il reste les deux arcades en plein cintre, permettait d'accéder à la grande église abbatiale, aux palais abbatiaux et à leur jardin. Le Haras national est en partie édifié sur le choeur détruit de Cluny III. Les premiers étalons de Napoléon Ier sont arrivés en 1807 et les premières écuries construites à partir de 1814.
Le Palais de Jean de Bourbon
Jean III de Bourbon, abbé au XVème siècle, avait préféré se faire édifier un bâtiment résidentiel indépendant, délaissant le palais gothique dit Palais du Pape Gélase situé au devant des bâtiments conventuels.
Accessible depuis la Porte d'Honneur, c'est un complexe monumental qui comportait tout ce qui était indispensable à la vie d'un riche prélat : salle de garde, salle d'apparat, appartements particuliers, cuisines, cloître et chapelle.
Les vastes salles en enfilade, desservies par des escaliers en vis contenus dans des tourelles indépendantes, sont équipées de somptueuses cheminées monumentales. Les grandes baies à croisées de l'étage indiquent les appartements nobles et les salles d'apparat.
Le bâtiment abrite aujourd'hui le Musée d'Art et d'Archéologie de Cluny (Musée Ochier), et ce depuis le 19ème siècle.
Ce palais a été édifié par l'abbé Jean de Bourbon pendant la seconde moitié du XVe siècle. Abbé de 1456 à 1485, il fait construire son palais abbatial près de l'entrée du monastère, signalée aujourd'hui encore par une double porte monumentale, datant du XIIe siècle. Pour la première fois à Cluny, l'abbé choisit de résider à l'écart de la communauté monastique.
Ce fils bâtard du duc de Bourbon obtient du pape Eugène IV la dispense qui lui est nécessaire pour accéder aux dignités ecclésiastiques. Ses armes, encore visibles dans le palais abbatial à l'étage, sont "d'azur à trois fleurs de lys d'or, à la barre d'argent" (la barre signalant sa bâtardise).
En 1443. il est élu évêque du Puy, puis devient en 1456, le quarante deuxième abbé de Cluny. Doué d'une grande énergie, excellent administrateur, il marque son abbatiat de quelques constructions majeures. Son palais certes, mais aussi la chapelle qui porte son nom dans le bras sud du petit transept de l'église Cluny III, ainsi que la réfection des toitures des clochers de l'église, la réparation de certaines voûtes, etc. Son activité ne se borne pas seulement à l'architecture. En 1458, il promulgue de nouveaux statuts concernant la discipline, les offices divins et la direction des monastères. Il se préoccupe également d'enrichir le trésor de l'abbaye et la bibliothèque qui compte plus de 1800 volumes vers 1460.
La construction du palais abbatial elle-même est mal connue, ainsi que l'histoire des transformations qu'il a subies dès le XVIe siècle, époque où il est relié par des galeries à la demeure édifiée par son successeur, Jacques d'Amboise, abbé de 1485 à 1510.
Bâti sur une terrasse, au nord de la troisième église abbatiale, ce palais surplombe le parvis et dispose d'un emplacement privilégié. Sa structure, rectangulaire, est assez simple : la façade principale est orientée au sud, tandis qu'un cloître lui est accolé au nord. Des quatre niveaux de cette bâtisse, deux sont consacrés aux caves et aux combles. L'étage se signale par la qualité de ses amenagements. A l'extérieur, quatre fenêtres à double croisée ornées d'arcs en accolade ou en anse de panier ; à l'intérieur de très vastes cheminées (dont trois ont survécu).
Tous les percements, qu'il s'agisse des portes ou des fenêtres, ont un décor spécifique dont le répertoire est très caractéristique de la fin du XVe siècle. Enfin, des vestiges de peintures murales (découverts en très mauvais état et masqués), des pavements ornés mis au jour en 1988, viennent accroître l'impression d'aisance et de confort qui se dégage de ce bâtiment.
Par ailleurs, les deux personnages ornant les culots de l'une des fenêtres de la façade principale sont très proches des figures des prophètes qui ornent les consoles de la chapelle de Jean de Bourbon dans Cluny III.
Ce logis est acheté en 1797 au titre de Bien National par Jean-Baptiste Constance Meunier pour vingt mille livres. Dès cette année sont opérées des destructions de constructions adjacentes (galeries de liaison, peut-être trois des galeries du cloitre, etc.). Par le truchement de ventes successives, les deux palais deviennent la propriété du docteur Ochier au début du XIXe siècle. Ce dernier a à coeur de ne rien modifier dans l'ordonnance originelle de ces bâtiments. Néanmoins, des modifications et des réparations sont effectuées lorsque la demeure Ochier devient musée municipal. Ainsi les armes des manteaux des cheminées de l'étage sont-elles refaites autour de 1864.
La claire-voie clunisoise
la claire-voie est une suite ininterrompues. de baies, séparées alternativement par des supports faibles (colonnettes) et forts (piliers de compositions variées). Caractéristique de la maison clunisoise, elle est très rare hors de Cluny au XIIe siècle. Il en a été repéré à ce jour quarante cinq, pour tout ou partie conservées, chiffre très inférieur à ce qui exista : en effet, de nombreux linteaux ou fragments de linteaux, en remploi dans des édifices de la ville ou alentour, ou conservés dans des collections, sont orphelins. Leurs dimensions et leurs décors permettront après étude de définir l'existence d'autres claires-voies et une évaluation accrue de leur nombre originel.
Elles paraient principalement les façades sur rue, parfois deux façades (2, rue J. Desbois), mais on connaît aussi quelques exemples de claires-voies sur des façades regardant des cours ou des jardins. Elles furent à l'honneur non seulement au XIIe siècle, mais jusqu'au milieu du XIVe siècle ; peu à peu les fenêtres à croisées, elles aussi parfois regroupées, les remplacèrent. Les décors se déploient avant tout dans les claires-voies, sur les linteaux, sur les colonnettes et les piliers, mais parfois également sur les cordons, sur des frises - ce qui est d'une rare somptuosité - voir sur des corniches. Il existe quelques exemples de portes très ornées (16, rue de la République), ainsi que des décors à l'intérieur des maisons.
Les haras nationaux
Les importantes démolitions perpétrées à partir de 1798 eurent raison d'une très grande partie de l'église abbatiale CLUNY III. Restèrent en élévation le croisillon sud du grand transept surmonté du grand Clocher de l'Eau Bénite, la Tour de l'Horloge, une partie du mur sud du petit transept et la chapelle funéraire de Jean de Bourbon, ainsi que quelques parties du petit collatéral sud, précédées à l'ouest par les vestiges des travées de l'avant nef et des deux tours de façade appelées Barabans.
A l'emplacement de ce colossal édifice, qui fut la plus grande église de la Chrétienté jusqu'à la reconstruction de Saint-Pierre de Rome au XVIe siècle, furent édifiés, à partir de 1811 et avec les pierres de l'édifice roman, les bâtiments du Haras National créé par Napoléon en 1806. La première écurie fut achevée en 1817 pour contenir 54 chevaux.
Formant le pendant au sud, le bâtiment des palefreniers édifié en 1820 est contigu au croisillon du grand transept et encadre le bâtiment de l'administration, complétant ainsi l'ordonnance en U de la composition. La nouvelle écurie construite au nord est un ajout important au programme initial, qui s'étend à l'emplacement des anciens jardins de l'abbaye.