FRANCE,_SAONE-ET-LOIRE,_MONT-SAINT-VINCENT,_EGLISE_ROMANE
Mont-Saint-Vincent
Eglise romane clunisienne et Mont-Saint-Vincent
Mont-Saint-Vincent est, à 600 mètres d'altitude, le point le plus élevé au centre du département de Saône-et-Loire.
C'était le siège d'un prieuré clunisien dépendant du monastère de Paray-le-Monial.
L'église de Mont-Saint-Vincent a été datée de la fin du XIème siècle à cause du système de voûtement de la nef, en berceaux transversaux, utilisé dans le même temps à l'abbatiale de Saint-Philibert de Tournus. Elle est classée Monument Historique.
Après l'écroulement de la voûte du chœur, en 1773, les piliers de la croisée du transept ont été renforcés par une lourde maçonnerie de forme circulaire.
Actuellement, ils n'ont plus à supporter le poids du clocher qui a été rasé en 1793, durant la Révolution française (ou tombé en 1799 selon d'autres sources), ce qui lui confère un aspect trapu en parfaite harmonie avec le site.
Derrière cet édifice se situe la promenade de l'Arquebuse, ancien terrain de tir fréquenté par quarante chevaliers en 1722.
L'église romane
« Et l'on sait que l'éphémère trouvaille des berceaux transversaux appliqués à la voûte majeure (comme à l'abbaye de Tournus) ne fut répétée qu'en un seul édifice : cette église du MONT-SAINT-VINCENT qui siège telle une borne géante à la section du Chalonnais et de l'Autunois, du Mâconnais et du Charolais, à la jonction des deux mondes adverses de la Saône et de la Loire française.»
Extrait de «Bourgogne Romane» Ed, du Zodiaque. Abbaye de la Pierre qui Vire
Extrait de «l'Église de Mont-Saint-Vincent» Ed: Physiophile Montceau par Messieurs Louis LAGRANGE et Henri PARRIAT
Historique
L'Église primitive fut placée sous le vocable de la Sainte Croix, comme le furent au IVème siècle les églises situées à la limite des diocèses. Cet ancien vocable fut abandonné, au VIème siècle, pour celui de SAINT VINCENT, après que Childebert eut rapporté d'Espagwe des reliques du saint diacre de Saragosse. Le nom passa au château puis à la localité (922). Au Xème siècle MONT-SAINT-VINCENT devint le siège d'un prieuré clunisien, dépendant de Paray-le-Monial. Il déclina rapidement ne comptant plus en 1301 qu'un seul moine ! Il est abandonné en 1506 par les bénédictins. L'église devint alors paroissiale. Mont-Saint-Vincent possède en partie les éphémérides presbytérales de 1506 à nos jours : note des curés successifs, précieux document sur l'histoire de la paroisse et du bourg, durant quatre siècles.
Description de l'église
L'église, régulièrement orientée (porche au couchant, chevet au levant), en forme de croix latine, comporte une nef de quatre travées, flanquée de bas-côtés, un transept saillant et une travée de choeur prolongée par une abside en hémicycle. Ce vaisseau pourrait avoir été construit en plusieurs étapes. Le chevet était flanqué de deux absidioles à voûte surbaissée, sans doute d'origine carolingienne, elles furent englobées dans l'église actuelle au XIème siècle. Celle du nord subsiste, en mauvais état. La nef et sa particularité : des berceaux transversaux, comme à Tournus. La formule présente des avantages. Les poussées s'exercent aux extrémités du vaisseau et non latéralement comme dans un berceau longitudinal; on peut donc ouvrir des fenêtres en haut de la nef. Pour équilibrer les poussées, il faut renforcer les extrémités; c'est le rôle du porche et des doubles piliers précédant la croisée du transept.
On peut reprocher au système un manque d'élégance. La perspective brisée rompant l'élan vers le sanctuaire et multipliant les zones d'ombre dans la nef. Il exige, d'autre part, un volume plus considérable de matériaux. On a reconnu cette structure dans les ruines du palais de Tag é Ivan, prés de Suse. Elle a gagné tout le Proche-orient, a été retrouvée en Espagne dans l'église San Pedro de Tarrassa.
Les architectes romans la voyaient aussi sur les "arches des ponts et des aqueducs, ou sur les voûtes des amphithéâtres romains". (C. Enlart)...
Le porche
Le porche de plan carré, est à deux étages. À l'étage inférieur, quatre piliers massifs supportent les arcs en plein cintre et à double rouleau d'où s'élance une ample voûte d'arêtes. L'étage supérieur était une chapelle, voûtée d'un berceau droit, donnant sur le sanctuaire par une large baie. Tribunes des moines, chapelle Saint-Michel comme à Tournus, aveuglée maintenant, elle achevait en beauté la nef centrale. On y accédait par un escalier de pierre rampant au sud contre le mur de la façade. En ruine, il fut remplacé en 1900 par un escalier en fer. Détérioré, cet escalier fut supprimé en 1957 lors des travaux de restauration.
Le tympan
Le tympan est orné (rareté dans l'ancien diocèse de chalon) : le Christ en gloire avec deux personnages nimbés.
Le chevet
Le chevet a été refait au XVIIIème siècle. L'absidiole sud est remplacée par une sacristie à voûte d'arêtes. Le chœur s'effondre en 1772, on le reconstruit en élevant la voûte et le cul-de-four au niveau de la grande nef. On ajoute trois grandes fenêtres et d'énormes contre-forts. Les piliers du transept se dégradent, on les remplace par une maçonnerie en fût.
Le clocher
Le clocher est absent.
Du très haut clocher d'autrefois, porté par une coupole oblongue, on apercevait, dit-on, les lumières de Lyon. En 1794, après arrêté du district, la municipalité décide sa démolition. (on ne sait rien de plus sur ce clocher).
Les cloches sont transportées au grenier du porche. Le bourdon (fondu en 1500 ) ébréché et fêlé a été refondu en 1980, année du patrimoine.
Les vitraux
Fenêtre nord ouverte au XVIème siècle : reproduction sur verre (XIXème) d'un tableau de la renaissance.
Fenêtre romanes des bas-côtés : Création, conception de Raymond Dumoux, diplômé du conservatoire des Arts et Métiers de Paris. Réalisation de Raymond PICARD, maître verrier à Chapaize (1981).
Fenêtres hautes de la grande nef : au sud, petits losanges; au nord, imitation du vitrail cistercien (XIXème).
Privé de son clocher, remaniée ou restaurée abusivement, massive comme écrasée au sol, l'église n'en garde pas moins son charme et une grande partie de sa beauté.
Telle quelle, cette vieille dame de 900 ans et plus, est entourée de notre affection. Prêtres, associations ou particuliers s'attachent à son entretien, à sa restauration. Elle est depuis le 22 octobre 1913 classée monument historique.
Glossaire
ABSIDE : extrémité d'une église opposée à l'entrée principale, en forme de demi-cercle généralement orientée à l'Est.
ABSIDIOLES : chapelles en demi-cercle entourant le choeur.
ARC-BOUTANT : pilier reprenant la poussée d'un mur extérieur par l'intermédiaire d'un demi-arc en plein cintre.
ARC BRISÉ : arc en forme d'ogive. ARC DOUBLEAU : arc en saillie sous une voûte, destiné à la renforcer.
BAS-COTÉS : galeries situées de part et d'autre de la nef.
BRAS DU TRANSEPT : extrémités du transept.
CHEVET : abside vue de l'extérieur.
CHOEUR : partie de l'église précédant directement l'abside.
COLLATÉRAL : synonyme de bas-côtés.
CONTREFORT : pilier en saillie sur un mur, destiné à le renforcer.
COUPOLE : voûte en forme de demi-sphère.
CROISÉE DE TRANSEPT : partie de l'église située entre la nef, le choeur et les bras du transept.
NARTHEX : avant-nef formant vestibule de l'église avec laquelle il communique par un ou plusieurs portails.
NEF : partie centrale de l'église entre le portail ou le narthex et le choeur.
TRANSEPT : nef transversale séparant le choeur de la nef centrale.
VOÛTE D'ARÊTES : voûte formée par la pénétration perpendiculaire de deux voûtes en berceau plein cintre. (ex. bas-côtés de Mont-Saint-Vincent et voûtes du porche).
VOÛTE EN BERCEAU : voûte en forme de plein cintre demi-cylindrique (nef de Mont-Saint-Vincent), bras du transept, choeur, chapelle de l'étage, voûte en ogive ou en arc brisé (pas à Mont-Saint-Vincent).
VOÛTE EN CUL-DE-FOUR : forme de demi-coupole.
Le village
L'ancienne gendarmerie nationale
Cette Maison Bourgeoise a été propriété de Alexandrine de Bourbon-Condé, petite-fille de Louis XIV jusqu'au huit avril 1750. Puis Gendarmerie Nationale de 1861 à 1980.
Élisabeth-Alexandrine de Bourbon-Condé
Née à Paris le 16 septembre 1705, décédée à Paris le 15 avril 1765, était une princesse du sang et la fille du prince Louis III de Bourbon-Condé. Elle était plus connue sous son dernier prénom, Alexandrine. Son père était le petit-fils du Grand Condé et sa mère, Louise-Françoise de Bourbon, mademoiselle de Nantes, était une des filles de Louis XIV et de sa favorite, Madame de Montespan. À sa naissance, on lui donna le titre de Mademoiselle de Gex, mais elle prit rapidement le titre de Mademoiselle de Sens, et c'est ainsi qu'elle fut connue pendant sa vie. En tant que princesse du sang, Alexandrine était présentée comme une Altesse Sérénissime. Elle a vécu maritalement avec son amant, le marquis de Langeron, pendant près de 20 ans. Elle n'a pas eu de descendance. Elle possédait un grand nombre de terres et de nombreuses résidences privées en dehors de la capitale dont cette demeure en Baronnie de Mont-Saint-Vincent.
Gendarmerie Nationale de 1861 Ã 1980
Après diverses occupations, elle a été louée à l'Etat pour abriter le casernement de la brigade de gendarmerie à pied de 1861 à 1980 comme le précise les baux de location retrouvés aux archives départementales de Mâcon.
La maison était composée de bureaux au rez-de-chaussée, de cinq logements familiaux au 1er étage et de neuf chambres au 2ème étage. La cour abritait des écuries, une buanderie commune, deux cabinets d'aisance, un cachot et un puits.
Le bail précise que la cave située sous le bâtiment devait être d'une grandeur suffisante pour contenir un tonneau de vin pour chaque gendarme.
Le premier loyer annuel était de 550 francs en 1861.
Grenier à sel
Rénové en 1662, on y vendait le sel à une quarantaine de paroisses, justice y était également rendue pour tout conflit concernant le sel et son impôt: la gabelle Aujourd'hui musée Jean Régnier, il regroupe des pièces archéologiques découvertes dans la région.
Maison du Bailly
Logement de fonction du bailly jusqu'en 1765, ce corps de logis est une des plus anciennes demeures du bourg. La façade a été remaniée en 1735 dans le style régence Louis XV ce qui lui confère l'allure d'un petit hôtel particulier.
Bailly : Représentant du roi ou d'un seigneur dans une circonscription où il exerce par délégation un pouvoir administratif et militaire, et surtout des attributions judiciaires.
Tour de l'assomoir
Une légende qui remonte aux guerres de religions (XVIème siècle), serait à l'origine de son nom : après un jugement expéditif prononcé par le bailli, les Huguenots de Montcenis auraient été jetés du haut de cette tour.
Edifice daté du XVeme siècle.
Maison Leclerc
Cette demeure fût longtemps habitée par la famille Le Clerc qui fournit au pays des personnages illustres tels :
- Jacques, écuyer de Louis XI,
- Jean, gouverneur de la Bastille,
- Joseph François Joseph Leclerc du remblay, dit "Le Père"(1577-1638).
- Victor Emmanuel (1772-1802), époux de Pauline Bonaparte
Près de la porte cochère subsiste l'emplacement de l'ancienne chapelle édifiée par les comtes de Chalon avant 1237.
Joseph François Joseph Leclerc du remblay, dit "Le Père" entre dans l'ordre des Capucins en 1599 et fonde en 1606 l'ordre des Filles du Calvaire. On peut dire qu'il fut une des figures importantes de la Réforme Catholique. C'est dans l'ombre du Cardinal de Richelieu, avec qui il entretient des liens d'amitié pendant plus de 30 ans, qu'il mènera une carrière politique et diplomatique tout en conservant ses valeurs religieuses.
UNE ULTIME MARQUE D'AMITIÉ
Le 18 décembre 1638, le père Joseph est brutalement frappé d'une crise d'apoplexie alors qu'il se trouve à Rueil, chez Richelieu. Les médecins sont formels, le Capucin est perdu. Bouleversé, le cardinal ne sait comment adoucir les derniers instants de son fidèle ami. Soudain, il quitte la chambre où repose le père Joseph puis, quelques instants plus tard, revient en menant grand tapage. Tenant à la main un papier censé figurer une dépêche, le prélat se penche vers le mourant et s'écrie "Père Joseph! Père Joseph! Brisach est à nous!". La plus puissante des forteresses du Haut Rhin est tombée quelques heures plus tôt aux mains de Bernard de Weimar, avec lequel le père Joseph a négocié l'alliance. Mais Richelieu l'ignore encore... En devançant les événements (par un pieux mensonge qui n'en était pas un), il donne à celui qui a été l'artisan de la politique allemande une ultime preuve d'amitié.
© 2002 cliannaz@noos.fr
Victor Emmanuel (1772-1802), engagé dans l'armée, il est distingué par Bonaparte dont il épouse la soeur Pauline. Commandant en chef de l'expédition de Saint Domingue (Haïti), il obtient la soumission de Toussaint Louverture Mais terrassé par la fièvre jaune, il meurt à 30 ans à Cap Français en pleine insurrection noire.
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