FRANCE, VIENNE, SAINT-SAVIN-SUR-GARTEMPE, ABBAYE ST-SAVIN ET ST-CYPRIEN
Abbaye St Savin et St Cyprien
Abbaye St Savin et St Cyprien
Abbaye Saint Savin et Saint Cyprien, à Saint Savin sur Gartempe, dans la Vienne (86).
Saint Savin
Le village de Saint Savin compte un peu plus de mille habitants, il est situé en Poitou dans le département de la Vienne à 20 kilomètres à l'est de Chauvigny et à la meme distance à l'ouest du Blanc dans le département de l'Indre. La ville de Montmorillon est à 20 kilomètres au sud.
Il est traversé par la rivière Gartempe qui est un affluent de la Creuse.
La célébrité du village de Saint Savin provient de son Abbaye qui possède une Eglise Romane du XIIème siècle contenant un remarquable ensemble de Peintures Murales de la même époque. L'ensemble a été sauvé par Prosper Mérimée au milieu du XIXème siècle.
L'Eglise Romane
L'église a la forme d'une croix, elle comprend nef, choeur, transept, au dessus de la croisée s'élève un tour carrée d'un étage. Sa construction a commencé vers 1050, la première partie à être édifiée a été le transept puis le choeur avec le déambulatoire autour duquel se répartissent plusieurs petites chapelles (absidioles). Ensuite ont été réalisées les trois premières travées de la nef, le clocher et le porche et enfin les six dernières travées de la nef.
Le porche est à la base du clocher et il colle à la facade de l'église. Le clocher se termine par une flèche très fine, d'une hauteur de près de 80 mètres, qui a été élevée au XIVème et restaurée au XIXème siècle.
L'église abbatiale a été re-construite vers 1030. Le bâtiment est construit sur un plan en croix latine, traditionnel à l'époque.
Aux environs de 1100, l'édifice et ses peintures sont terminés et l'église possède le plus grand ensemble de peintures murales romanes de France.
Les thèmes sont souvent inspirés de la Bible, la voûte de la nef par exemple contient à elle seule plus de 450 m² de peintures murales relatant l'histoire de la Genèse et de l'Exode.
Une autre série de peintures retrace les scènes de la vie et du martyre de Saint-Savin et de saint Cyprien.
La nef date du XIe siècle, elle est longue de 42 m et large de 17 et comporte trois vaisseaux de neuf travées.
La crypte date de la fin du XIe siècle. Elle est située sous l'autel majeur et conserve l'ensemble de sa décoration peinte originelle. Malheureusement, elle est interdite de visite, sous peine de destruction.
Un clocher-porche, couronné d'une flèche date du XIVe siècle.
On peut noter malgré des variantes stylistiques de la construction, une certaine unité se dégage de l'ensemble.
Les Peintures Murales
L'Eglise Abbatiale est inscrite depuis 1984 par l'UNESCO dans les oeuvres qui font partie du Patrimoine Mondial, ceci est du à la qualité exceptionnelle des Peintures Murales (on dit aussi Fresques) qu'elle contient.
La plupart de ces fresques ont été réalisées à la fin du XIème siècle et sont caractèristiques de la période Romane.
Elles représentent des thèmes religieux inspirés de la Bible, source majeure pour l'art du Moyen Age: ce sont l'Apocalypse, la Passion, la Résurrection du Christ et bien d'autres analogues. Le berceau de la nef, long de plus de 40 mètres et haut de 17 m, est entièrement recouvert de peintures sur une surface d'environ 500 m2, elles illustrent la Genèse et l'Exode.
La Crypte St Savin et St Cyprien, qui est sous l'église, possède également des fresques qui racontent la vie légendaire de ces deux saints.
Saint Savin sauvé par Mérimée au XIXème siècle
Prosper Mérimée est un grand écrivain Francais du début du XIX ème siècle. Il occupe les fonctions d'Inspecteur des Monuments Historiques quand il passe à St Savin en octobre 1835. Dans des bâtiments qui tombent en ruines, il découvre des fresques dont il voit immédiatement le caractère extraordinaire.
A la fin de ce mois d'octobre il lance un appel à Guizot qui est alors Ministre de l'Instruction Publique : "Je n'hésite pas à dire, Monsieur le Ministre, que dans aucun pays je n'ai vu de monument qui méritat à un plus haut degré l'intéret d'une Administration amie des Arts. Si l'on considère que ces fresques de St Savin sont à peu près uniques en France, qu'elles sont le monument le plus ancien de l'art de la Peinture dans notre pays, on ne peut balancer à faire des sacrifices, meme considérables, pour les conserver."
Pendant plus de dix ans Mérimée s'est ensuite battu pour protèger ces fresques d'abord de la destruction puis des risques créés par une mauvaise restauration.
Histoire de l'Abbaye
Saint Savin et Saint Cyprien étaient deux ermites vivant à cet endroit sur les bords de la Gartempe au Vème siècle. C'est Charlemagne en personne qui a fondé l'Abbaye au lieu dit le Cerisier sur la rive ouest de la Gartempe, autour des années 800. L'établissement a été favorisé par son fils Louis le Pieux d'abord Roi d'Aquitaine puis successeur de Charlemagne à la tête de l'Empire Carolingien.
Le premier abbé a été le réformateur de la règle Bénédictine, St Benoir d'Aniane, au Concile d'Aix la Chapelle, en 817, l'Abbaye de St Savin fait partie des monastères qui s'engagent à promouvoir la réforme Bénédictine. Au IXème siècle elle appartient à l'Abbaye de Marmoutier, près de Tours.
Les Invasions Normandes obligent les moines de l'Abbaye Saint Maur de Glanfeuil à trouver un nouveau refuge, ils arrivent alors à St Savin. Pourtant en 865 ses remparts ne suffisent pas à la protèger et elle est détruite par les Normands et les Moines s'enfuient vers Bourges où ils séjournent plus de trente ans.
De retour au début du Xème siècle, ils réétablissent l'Abbaye et dans le courant du Xème siècle elle étend progressivement son influence vers le Berry, le Limousin et le Périgord. Au début du XIème siècle les dons de la Comtesse de Poitiers, Adalmode femme de Guillaume le Grand, permettent d'engager le reconstruction de l'Eglise, cette opération s'amplifie sous l'impulsion de l'Abbé Odon II (1023-1050).
Pendant plusieurs siècles c'est une Abbaye très prospère qui peut se faire construire au XIIème siècle une nouvelle grande église, c'est à ce moment que sont réalisées les fresques murales.
En 1371 elle est dévastée par l'armée du Prince Noir et la Guerre de Cent Ans provoque sa ruine. Elle ne s'en remettra jamais vraiment.
Lors des Guerres de Religion elle est pillée par les Protestants en 1562 et 1568. L'Armée Royale l'endommage à son tour en 1574. Conséquence de tous ces malheurs, elle tombe en décadence jusqu'en 1640 où arrivent des moines de Saint Maur. Il restaurent l'Abbaye et construisent de nouveaux bâtiments, mais ils sont obligés de l'abandonner au moment de la Révolution Francaise.
Au début du XIXème siècle le monument est laissé à l'abandon et n'est plus entretenu. Prosper Mérimée sauve l'Abbaye et entreprend à partir de 1836 la restauration des bâtiments et surtout des peintures murales.
Des travaux importants ont à nouveau été réalisés de 1967 à 1974. En 1984, l'église et ses fresques ont été classées dans le Patrimoine Mondial de l'Unesco. Un Centre International d'Art Mural est implanté dans les locaux de l'Abbaye.
Un parcours scénographique est installé dans le bâtiment monastique du XVIIe siècle.