La place des femmes dans la société au Moyen Age

LA FEMME

La place des femmes dans la société médiévale

Se débarrasser de la réputation de l'obscurantisme

Au XVIème siècle, les protestants, au nom de la réforme, dénoncent la "nuit médiévale". Au XVIIIème siècle, les philosophes, dont Voltaire, et avec quelle violence, font triompher les Lumières de la Raison sur l'obscurantisme moyenâgeux.

Fascinés, les romantiques redécouvrent les rêves et les passions d'une époque que Michelet accable : "Mille ans de douleurs" et que Huysmans évoque avec nostalgie : "La noblesse, le clergé, la bourgeoisie, le peuple avaient dans ce temps-là l'âme plus haute". Jusqu'à 1940, la gauche dénonce l'oppression, la tyrannie et le fanatisme du Moyen Age, tandis que la droite le réhabilite en exaltant sa spiritualité et les grandes figures qui font notre histoire.

Aujourd'hui, grâce à l'ensemble des travaux des chercheurs, historiens, anthropologues, archéologues, etc., une nouvelle approche, plus souple, plus nuancée, certainement plus authentique se fait jour, et qui modifie et remodèle le visage même du temps des cathédrales.

La certitude qui ressort de toutes ces recherches, c'est que le Moyen Age a perdu sa mauvaise réputation d'obscurantisme.

Remodeler le visage du temps des cathédrales

La mentalité et la sensibilité médiévale sait faire face à tous les plaisirs de la vie. D'abord le plaisir sexuel, conjugal et extra-conjugal, et aussi les plaisirs de la table, des fêtes, des jeux. La notion de plaisir, loin d'être évincée au Moyen Age, manifeste d'une belle santé et se montre capable de satisfaire à la fois les sens et l'esprit.

Bien que dans cette société régie par l'église, où la morale et les interdits font loi, il a existé, justement, une conception du plaisir tout à fait spécifique. L'association chair-péché fixait au rapport sexuel un cadre et des limites, mais l'idée même d'amour entraînait une sublimation que nous ne connaissons plus aujourd'hui.

Du désir à la fin'amor

Impossible de parler du Moyen Age sans parler de l'amour, cette fin'amor qui nous est parvenue grâce à la poésie des troubadours. Hommes, femmes, ils ont écrit des chansons amoureuses, satiriques ou burlesques.

Le petit nombre des poèmes féminins qui nous sont parvenus est en fait lié au problème général des troubadours. Seulement un dixième des mélodies est conservé. Cela s'explique par le fait que, longtemps véhiculée oralement, la poésie n'a été consigné par écrit que beaucoup plus tard.

Les femmes troubadours étaient des dames de la haute société, elles jouaient le même jeu poétique que les hommes, en inversant les rôles. Si on ne peut parler de libération de la femme à cette époque, on peut cependant constater qu'elles étaient capables de jouer avec le code érotico-poétique masculin d'une façon remarquable.

La poésie des troubadours essaime un peu partout dans l'Europe médiévale. Au XIVème siècle, l'Inquisition, installée à Toulouse, signa sa fin. Elle obligea les troubadours à ne chanter leur dame - ou damoiseau - que pour l'épouser. C'était anéantir tout un mouvement de libération.

Une femme de pouvoir

Au Moyen Age, sans difficulté, le femme pouvait être reine. Ainsi voit-on une Aliènor diriger d'abord en France, puis en Angleterre. Là-bas, une de ses décisions a été d'unifier les mesures.

Que le seigneur s'absente (croisades) ou meure, les femmes gouvernent. On voit ainsi des domaines comme celui de Champagne dirigé pendant un demi siècle par une femme. Jeanne et Marie de Constantinople , deux soeurs, ont dirigé la Flandre et le Hainaut pendant de très longues années.

On ne déniait alors à la femme le pouvoir politique, et les résultats étaient excellents.

La transmission du savoir

Dès le haut Moyen Age et encore au XIIéme siècle, les femmes ont joué un rôle majeur dans la transmission des connaissances. On a pu remarquer que, dans les monastères de femmes, la culture était plus poussée que dans les monastères d'hommes. Notre plus ancienne encyclopédie a été composée en Alsace, au XIIème siécle par une femme, une moniale, Herrade de Landsberg, l'abbesse du Mont-Sion. Elle a aussi écrit les deux seuls ouvrages de médecine et de sciences naturelles alors composés en occident.

Il ne faut pas oublier Dhuoda de Septimanie qui vivait à l'époque de Charlemagne et qui a composé un Manuel pour mon fils, notre premier traité d'éducation.

A noter aussi, ce qu'on ignore généralement, que c'est la reine Bathilde qui a complètement aboli l'esclavage, vers l'an 650, en interdisant les marchés d'esclaves qui avaient lieu dans son royaume de Neustrie, le nord de la France.

Le temps de l'exclusion de la femme

Quand l'Université de Paris est fondée au début du XIIIéme siècle, la femme est écartée du savoir dont les clercs se réservent le monopole. Ils en interdisent l'accès aux femmes, aux Ordres mineurs, aux Ordres mendiants. Thomas d'Aquin est expulsé de l'université pendant deux ans. En 1314, Philippe le Bel limite la succession au trône par les femmes. En 1593, un arrêt du Parlement de Paris interdit à la femme toute fonction dans l'État. A partir du XVIIIème siècle, la reine n'est plus couronnée, elle est seulement l'épouse du roi.


Texte de Bochaton.

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